« L’envers de la fraude Sociale – Le scandale du non-recours aux droits sociaux »
Le discours sur la « fraude sociale » a marqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Prétextant sauver la protection sociale des assistés et des tricheurs, ce discours a répandu l’idée que les droits économiques et sociaux se méritent et a inoculé une suspicion à l’encontre de leurs bénéficiaires légitimes. En martelant l’idée que le système est « fraudogène », il a prétendu que les droits ne sont pas une obligation et que les prélèvements les finançant ne sont pas un devoir, à l’inverse des principes qui fondent le modèle social français. Or, pour être juste et acceptable, la lutte contre la fraude doit éviter l’amalgame et la division, et participer à une politique générale d’accès aux droits sociaux. Ainsi, chaque année, 5,7 milliards d’€ de revenu de solidarité active, 700 millions d’€ de couverture maladie universelle complémentaire, 378 millions d’€ d’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé, etc., ne sont pas versés à leurs destinataires.
Philippe WARIN, Directeur de recherche au CNRS, est chercheur en analyse des politiques publiques.
Partenariats : UFR LLSH, SUC, la Ligue des Droits de l’Homme.